LA FILLE DE SA MERE

Publié le par SOLANNA

 
La fille de sa mère
 
 
Peut - on parler de soi, sans référence à son ascendance ? On est bien le fils de son père ou la fille de sa mère. On en est toujours le reflet, qu’il soit un pâle reflet ou une copie parfaite.
 
Il était une fois, une jeune femme, d’une rare beauté. De la beauté de ces personnes dont, on dit qu’elles sont belles de l’intérieur, tant leur douce présence vous apaise et vous incite à la confidence.
 
Elle venait de finir son cycle d’études secondaires, lorsqu’un jeune officier s’amouracha d’elle et eut la chance de l’avoir pour amie. Il voulut même l’épouser. Seulement, il devait bientôt partir pour l'Allemagne où, il devait poursuivre ses études de médecine.
 
Le jeune officier décida donc d’amener sa douce compagne. Elle qui aimait les enfants, elle pourrait y également faire des études d’éducatrice spécialisée du préscolaire. Sitôt dit, sitôt fait. Nos deux tourtereaux partirent pour l'Allemagne et s’y marièrent quelques années plus tard.
 
Ils eurent leur premier enfant, une petite fille et partirent s’installer à Bohn, où ils virent une année plus tard, la naissance de leur deuxième enfant : une autre petite fille. Ils l’appelèrent Marianne.
 
Cependant, le père Balima fût fort déçu, car il espérait quand même avoir un garçon cette fois-ci. Ironie du sort, l’enfant était son portrait craché en miniature. De plus, elle avait l’esprit vif et le dynamisme d’un garçon. Mais c’était quand même une fille.
 
Les études de la mère terminées, la petite famille rentra au pays. Ils s’installèrent là et le père repartit à nouveau pour d’autres longues études. Pratiquement, la jeune femme éleva seule sa petite famille qui, au fils des années s’agrandit et atteignit rapidement le nombre de six joyeux bambins.
 
Marianne et sa sœur aînée, du fait de la proximité d’âge, étaient comme deux jumelles. A l’école primaire, Marianne, suivait pas à pas, son aînée et ne voulût pas s’en séparer, au point que ses premiers jours d’école primaire, elle les passa en CP2, sur le banc de sa sœur au lieu de commencer en CP1, comme les autres.
 
Mais, la Maîtresse ne l’entendait pas de cette oreille et résolut de séparer les sœurs siamoises. Cela lui valût d’accueillir en CP1, une élève fantôme qui une fois sur deux oubliait son cartable à la maison et une fois qu’elle était en classe, ne rêvait que de stratagèmes pour filer à l’anglaise.
 
 Mais la mère veillait et réussit à remettre en selle sa petite enfant gâtée. Quand, elle eût son CEPE, Marianne fût envoyée à l’internat au Collège Notre Dame de l'Assomption. Ce séjour loin du cocon familial acheva de couper le cordon ombilical et fit de Marianne une jeune fille studieuse et férue de littérature.
 
Son second cycle secondaire, Marianne choisit de le poursuivre plutôt au Collège de la Sainte famille, un collège mixte tenu par des religieux où la formation était essentiellement scientifique. Et voilà qu’en découvrant la mixité, la physique et les maths, Marianne rencontra aussi l’Amour. Marianne crût que ce beau jeune homme n’était fait que pour elle et imagina sa vie toute tracée avec lui.
 
Et pour rien au monde, Marianne ne cèderait son « ange gardien » à qui que ce soit. Pas même au bon Dieu. Seulement, Marianne était loin d’imaginer qui prétendait rivaliser avec elle dans le cœur de son bien aimé. Quelle stupeur ! quel effroi ! lorsque après six années de fréquentation assidue, Marianne apprit que son bien aimé avait décidé de devenir prêtre ! Mais qui donc pouvait rivaliser avec Dieu ? Un combat perdu d’avance.
 
A corps perdu, Marianne se jeta dans le travail pour fuir la douleur et chercha désespérément à survivre par tous les moyens. En mère attentionnée, Maman BALIMA vint au secours de sa fille en lui apprenant à regarder Dieu comme un ami et petit à petit, celui là même qui lui avait enlevé son bien aimé devint son refuge.
 
Pendant qu’une complicité nouvelle naissait entre mère et fille du fait de cette aventure à la fois banale et si peu ordinaire, une nouvelle foudroyante vint troubler la quiétude de la famille BALIMA : la mère était atteinte d’un cancer déjà avancé.
 
Et pourtant, le père venait enfin de poser ses valises après une longue absence. C’est alors que se livra une véritable bataille contre l’horloge du temps, contre la maladie et pour la vie.
 
De voir l’être le plus proche d’elle ? souffrir sans pouvoir rien faire, Marianne n’en pouvait plus. Un soir, elle prit la grave décision de tronquer sa vie pleine de santé contre celle de sa mère malade. Mais, comment réussir une pareille substitution si ce n’est avec l’aide de celui là même qui donne la vie.
 
Alors, dans une prière, Marianne proposa à Dieu de lui faire partager la souffrance de sa mère pour la soulager par tous les moyens, même au prix de sa vie. Avait-elle mesuré la portée de ses mots ? En tout cas, Marianne les avait prononcés. Et tout comme si Dieu l’avait prise au mot, quelques jours plus tard, Marianne fût victime d’un grave un accident de circulation qui la plongea dans un bref coma avant lui enlever l’usage de ses jambes.
 
Clouée sur son lit d’hôpital, Marianne ne souciant guère de sa douleur et de sa paralysie, se demandait si le miracle demandé allait se produire.
 
  
Eh bien, curieusement, à partir de ce jour, l’état de la mère qui entre temps, avait été évacuée en Europe pour être mieux soignée, ne faisait que s’améliorer et l’on pensait la libérer bientôt.
 
Pendant ce temps, Marianne, bien entourée de toute sa famille et de ses amis, faisait sa rééducation réapprenant à marcher à l’insu de la mère qui n’avait rien su de l’incident. Sur son lit d’hôpital, Marianne vit venir un jour parmi ses visiteurs, un vieux lépreux, en qui elle reconnut un mendiant de son quartier. Celui-ci s’inquiéta de sa santé et surprise ! Elle le vit vider ses poches pour lui offrir le fruit de sa mendicité du jour. 
 
Marianne fut émue par le geste du pauvre mendiant, auquel s’ajoutait la sollicitude quotidienne de son entourage. Cela changea son regard sur le monde. Elle voyait désormais en tout être humain, une œuvre parfaite et aimée de Dieu, qu’elle se devait, elle aussi d’aimer et d’accepter, quel que soit sa nature, son caractère.
 
Ce fût la première grande leçon de sa vie.
 
Bientôt, pour le grand bonheur de tous, la mère rentra de France, en meilleure santé. Du moins, on le croyait…, car quelques mois plus tard, la souffrance se réinstalla. Mais la brave femme se voyant finir tout doucement, gardait le sourire et la douceur que tout le monde recherchait en elle.
 
Elle vivait consciemment ses derniers jours et s’attachait davantage à accompagner chaque enfant, chaque parent, chaque ami sur la dernière partie du chemin à faire ensemble, tel le capitaine d’un bateau naufragé qui conduit son équipage à bon port avant de sombrer.
 
D’accompagner cet être exceptionnel dans le mystère de la mort fût pour Marianne la deuxième plus grande leçon de sa vie.
 
Mieux encore, Marianne reçut de sa mère un testament. Il tenait en quelques mots sur une carte postale envoyée lors de son séjour hospitalier en France. Cette carte représentait le spectacle d’un ciel bleu au-dessus d’une nature luxuriante. Sur la photo, il était écrit ceci : « Confies toi au seigneur, compte sur lui, il agira ». Et au dos, la mère avait écrit ces mots : « Ma chère Marianne, Ma santé revient petit à petit. Veilles bien sur tes frères et sœurs. Occupe-toi bien de la maison et essaie de ne pas trop te disputer avec ton père. »
 
De ce testament, Marianne fit tout un programme de vie :
 
·        S’attacher à prendre soin de ses frères, de ses sœurs, c’est à dire de toute personne qu’il lui serait donner de rencontrer ;
 
·        S’attacher à bien s’occuper du foyer que Dieu lui donnerait ;
 
·        S’attacher à avoir du respect pour tout aîné, toute personne âgée, à l’image de son père.
  
·        Et avant tout, mettre Dieu au centre de sa vie.
 
C’est ainsi que, Marianne après la mort de sa mère, loin d’être ébranlée devint être nouveau. Elle termina avec succès ses études de droit et se retrouva à travailler pour donner l’accès à une éducation de qualité au maximum d’enfants autour d’elle. Elle développa aussi ce talent de dessinatrice auquel l’avait initié sa mère et devint dessinatrice de mode à ses heures perdues, pour avoir le plaisir de vêtir élégamment les autres.
 
Mieux encore, grâce sûrement aux intercessions de sa mère, Marianne rencontra l’âme sœur qui lui donna un merveilleux petit garçon avant de l’épouser le 29 septembre 2000, jour de son trentième anniversaire.
 
S’il y avait une morale à tirer son histoire, Marianne vous dirait ceci :
 
Il ne faut jamais désespérer de la vie. Tout est grâce de Dieu.
 
 
Une nouvelle de SOLANNA
Ouagadougou, le 20 août 2007
 
 
 
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Publié dans LECON DE VIE

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F
<br /> belle publication et quel talent d'artiste!<br /> <br /> <br />
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